Si avec des amis ou bien seul vous êtes tenté par la découverte de quelques sites proches de Nantes,
« Petit braquet » vous propose des lieux facilement accessibles à vélo.
Si vous rêvez de sites plus grandioses et surtout plus éloignés du Pays Nantais,
« Grand Braquet » vous emmène à la découverte de parcours (souvent montagnards) dans la roue de cyclos du club.
Sortie Petit Braquet
Le four à chaux du Montru
Y aller :
A La Chapelle-Heulin, prendre la D 756 en direction de Nantes.
Après 1,5 km, au lieu dit La Bernardière prendre à droite la D 135. Au bout de 1,5 km vous arrivez au bord des marais.
A votre gauche une sorte de tour mangée par le lierre : c’est le four à chaux du Montru

Le four à chaux fut construit en 1825 par M. Duhoux. On est au début de la révolution agricole dans la région ; les paysans se partagent les landes (jusque là communes) aux sols lourds et acides. Ils misent sur la chaux pour réduire l'acidité de la terre.
Le calcaire extrait de Liré descendait la Loire et remontait la Goulaine par bateau. Le charbon venait d’Angleterre. L’un et l’autre étaient débarqués sur le "petit port" aujourd'hui comblé. Au retour les bateaux (des gabarres) emportaient vin, bois, rouches. Le long du plan incliné, par des brouettes, les matériaux étaient hissés en haut du gueulard (l’ouverture du four) qui culmine à 13 m. On alternait couches de calcaire et de charbon. Il fallait 4 jours pour cuire la chaux dans le fourneau. Une porte, en bas de la tour procurait une arrivée d’oxygène pour la cuisson et permettait de retirer la chaux qui était stockée sous le plan incliné avant de partir vers les exploitations agricoles ou les entreprises du bâtiment.
L'activité fut intense pendant 25 ans. Le département créa la route du Port en 1851. Mais la construction de la digue de la Divatte (1854-1856) en asséchant partiellement les marais condamna la batellerie et provoqua l'extinction des feux.
|
Les arcades et la rigole alimentaire
|
Si vos randonnées dominicales vous conduisent du côté de Nort-sur-Erdre, de nombreux sites et monuments se feront un plaisir d'agrémenter votre pédalée. Outre Nort avec son port, le pont Saint-Georges, le château de Port-Mulon et les anciennes mines de charbon de Languin témoins d'une histoire économique et politique parfois agitée qui satisferont votre curiosité, les paysages de l'Erdre et du canal de Nantes à Brest vous proposeront des perspectives calmes et reposantes.
Si vous souhaitez associer Histoire et plaisir des yeux, eau et monument alors faites un détour par les "arcades", ces aqueducs qui font le pont pour une "rigole alimentaire" !
|
|
Quand, en 1804, Napoléon décide de relier Brest à Nantes par une voie d'eau de 364 km, pour éviter un éventuel blocus des côtes par les Anglais, les ingénieurs chargés du tracé essayèrent d'utiliser au maximum 8 rivières (dont l'Erdre, l'Isac, l'Oust, le Blavet, l'Aulne) qui jusqu'alors se la coulaient douce. Mais pour réunir les lits de ces paresseuses séparés par des collines et plateaux il fallut de longues fiançailles, de longs travaux qui durèrent de 1811 à 1842.
Ainsi, pour relier l'Erdre à l'Isac (à Bout de Bois) on creusa 14 km de tranchée et on construisit 6 écluses afin d'élever le canal de 4 mètres. Pour alimenter en eau ce tronçon (bief) on créa le barrage-réservoir de Vioreau relié au canal par une rigole longue de 22 km. Celle-ci, aménagée ente 1833 et 1836, batifole dans la campagne en suivant la courbe de niveau des 25 mètres, tantôt à l'air libre, tantôt en tunnel, parfois en aqueducs appelés ici "arcades". On en compte 4 sur le parcours. Pour y accéder des chemins de randonnée ont été aménagés. S'ils sont praticables en VTT, ils ne le sont guère pour le vélo de route sauf... en un endroit situé à 4 km de Nort-sur-Erdre.
Pour y aller, à partir de cette ville, prenez la D69 en direction d'Issé. Après le lieu-dit "La Ménantière", la route entreprend une longue descente. Laissez-vous aller. Arrivé en bas de la côte, votre vélo ralentit de lui-même car, après quelques mètres de plat, la route recommence à monter. Sur votre gauche, à l'embranchement d'une petite route qui conduit vers la Belletière, un parking a été aménagé. Des panneaux vous y racontent le canal, la rigole... Faites leur honneur. Ensuite prenez à gauche le petit chemin qui part en couvert sous les arbres. Au bout de 100 m il vous dépose au pied des "arcades": un vieil aqueduc qui fait le gros d'eau alors que ça rigole là-haut.
Après vous être rincé l'oeil de cette scène insolite, sur le chemin du retour reprenez la D69 en direction de Nort. Au bout de 500 m tournez à gauche. Une agréable petite route vous conduit au village de Vault lové dans un écrin de verdure au bord de l'Erdre encore jeune qu'un inconsolable saule pleureur tente en vain d'embrasser. Après une pause empruntez la route qui longe la rive droite de la rivière; elle vous conduit à un gué où vous pourrez traverser la rivière si celle-ci dort gentiment dans le creux de son lit; sinon une passerelle vous évitera de vous mouiller les roues et de rejoindre la D 178 qui vous propose Nort à droite et Joué à gauche. A vous de jouer !
|
Sortie Grand Braquet
Du 29 juillet au 4 août 2003, Jean du Racc Cyclo et quatre amis cyclistes ont effectué la traversée des Alpes en suivant l'itinéraire balisé appelé « Route des Grandes Alpes » : 508 km pour rallier Thonon-Les-Bains à Menton en escaladant 16 cols. Voici le compte-rendu de ce périple.

Depuis longtemps ils en rêvaient….depuis ce jour de juillet 2002 où Jean, en vacances à Jausiers, découvrit lors d’une randonnée au col de la Cayolle une plaque touristique présentant la Route des Grandes Alpes. Il s’informa, accumula de la documentation et, le 1er décembre 2002, présenta le projet à Philippe et Pierre qui, enthousiasmés, proposèrent d’élargir le cercle des montagnards à quelques candides pour qui Galibier rimait avec Champtoceaux. Ensuite il fallut établir le circuit, fixer les étapes, réserver l’hébergement.
Il fut décidé que chacun conduirait la voiture accompagnatrice équipée d'une galerie de toit et d'un porte - vélo à tour de rôle.
Première étape: Thonon – Flumet (116,4 km) ; mercredi 30 juillet
Après un solide petit déjeuner nous traversons Thonon que réchauffe déjà un soleil magnifique. Il est 8 h ; la grande traversée des Alpes commence… à l’ombre et dans la fraîcheur des gorges de la Dranse que nous remontons jusqu’aux Gets (premier col du circuit, 1163 m) après avoir laissé Morzine et ses chalets à notre gauche. La descente sur la vallée de l’Arve est agréable si l’on excepte la traversée de Cluses (capitale du décolletage) toujours très encombrée.
Encore quelques kilomètres de plat sous un soleil rayonnant et nous entamons le terrible col de la Colombière. Pierre en profite pour régler quelques affaires au téléphone tout en pédalant. Jusqu’au Reposoir et son impressionnante abbaye la montée est raide mais régulière (7% à 8%), en sous-bois. C’est après que cela se gâte. Les derniers kilomètres de la Colombière sont terribles (5 km à 8% et le dernier à 10%): la pente, la chaleur, les lignes droites sans fin… tout se conjugue pour épuiser physiquement et moralement le cycliste aventuré dans ces parages. S’il n’y avait Philippe, conducteur du jour, qui nous attend au sommet (1613 m) avec fruits et boissons fraîches on redescendrait bien au Reposoir ; quitte à se faire moine ! Ces doutes n’effleurent pas Jean Bernard notre marathonien dont c’est le tout premier col gravi en tant que cycliste et qui pédale devant dans l’allégresse. Alléluia !. Les arrivées au sommet s’égrènent pendant de longues minutes tel un chapelet de titilleurs de ciel (alpinistes) mal encordés.
|
Quand le berger entend les estomacs crier dans les alpages il rassemble ses moutons. ; les loups ont faim.(proverbe reblochonesque) Faute de brebis égarées nous optons pour une pause-restauration à mi-descente du col de la Colombière dans la station de Chinaillon Il fait beau , la salade composée est excellente et le paysage magnifique.
Le paysage nous l’aurons en dessert pendant toute la descente du col. La chaîne des Aravis barre l’horizon et de grasses prairies piquetées de chalets descendent jusqu’au ruisseau du Borne que nous suivons jusqu’au Grand-Bornand. Le clocher à bulbe de ce charmant village annonce le fond de la vallée. D’autres clochers identiques vont ponctuer notre remontée vers le col des Aravis (1486 m) : Saint-Jean-de-Sixt, La Clusaz. Au sommet du col, la récompense habituelle du cycliste courageux est la vue sur le Mont-Blanc. Le courage ne nous a pas manqué, mais le plus haut sommet d’Europe fait sa coquette derrière un masque de brume. Tant pis ! Nous piquons sur Flumet et l’« Hôtel du Vivier » terme de cette première étape.
Il est 15 h quand nous nous installons dans nos chambres respectives. Après douches et lessive nous allons visiter la petite cité des bords de l’Arly qui nous héberge puis nous revenons à l’hôtel pour un excellent dîner. L’orage gronde pendant la nuit… mais couvre à peine les ronflements de certains !
|
Deuxième étape: Flumet - Bessan (149 km); jeudi 31 juillet 2003
|
Il n'est pas encore 8 heures et déjà nous nous affairons auprès de nos vélos. Aujourd'hui c'est Christian qui conduit la voiture tout en faisant office de photographe.
C'est sous un ciel nuageux et par une température fraîche (11°), legs del'orage de la nuit, que nous abordons le col des Saisies.
.
|
|
Il faut une heure pour effectuer les 15 km de montée sur des pentes variant autour de 6 à 7%. Il fait frais et nous ne nous attardons pas dans la petite station des Saisies à peine réveillée en ce matin frileux. On est loin de l'animation de 1992 lors des J.O. Par une longue descente à travers bois et pâturages nous dévalons jusqu'à Hauteluce et Beaufort. A peine le temps de jeter un coup de nez à la coopérative fromagère que nous buttons sur les premières pentes du Cormet de Roselend. Ce long col (39 km) va nous hisser à 1968 m d'altitude avec un pourcentage moyen de 7,5%. La route serpente dans un étroit défilé puis dans une forêt encore assombrie par le ciel bas. Aux trois quarts de cette ascension monotone le lac de Roselend éclate soudain comme un matin de Pâques après un hiver gris. Un arrêt s'impose auprès de la petite chapelle où une cloche soliatire pleure sa compagne perdue sur le chemin de Rome ou... noyée dans les eaux turquoise du lac. |
|
Après d'improbables dévotions il faut repartir vers le Cormet de Roselend et son sommet égaré dans la brume en traversant des pâturages parsemés de blocs de pierre et parcourus de torrents. Trop froid, trop gris pour s'attarder; vite plongeons vers Bourg-Saint-Maurice et la traditionnelle pause-déjeuner- salade à la brasserie "Le tonneau".
Jean, qui depuis le matin souffre d'une sinusite aggravée par les conditions climatiques, remplace Christian au pilotage de la voiture. Profitant de sa fraîcheur physique ce dernier s'élance vers le col de l'Iseran distant de 45 km entraînant ses compagnons de cordée aux mollets déjà bien fatigués. La route s'élève rapidement et bientôt Bourg-Saint-Maurice n'est plus qu'une tache claire au fond d'une vallée glaciaire. Au barrage de Tignes, décoré d'une fresque gigantesque, Pierre ne résiste pas à la beauté du site; il met pied à terre; fin d'étape pour lui. Seuls trois mousquetaires poursuivent une escalade difficile, parfois dangereuse quand il faut traverser les nombreux tunnels aveugles sur une chaussée déformée. Sous un ciel gris et par une température de plus en plus fraîche ils subissent l'architecture désolante et la circulation anarchique de Val-d'Isère puis enfin les dernières pentes décharnées de l'Iseran (7 à 8,5% sur les 6 derniers km). Un à un ils arrivent sur le toit de la Route des grandes Alpes (2764 m); il est 17 h et il fait 9°. |
|
Après une courte pause au sommet, ils se lancent dans une vertigineuse descent à travers le parc de la Vanoise jusqu'à Bonneval-sur-Arc . Enfin, c'est à 18 h que nous nous installons au gîte "Le petit bonheur" situé à Bessan. Ce soir nous logeons tous les 5 dans une même pièce, belle et confortable. Nous dînons d'une solide soupe qui réveille chez Christian des instincts enfouis de bûcheron; il a scié du bois de la Vanoise toute la nuit "rrrrrrrr.rrron.rrrrrrr.rrron...."
|
Troisième étape: Bessan - Briançon (130 km); vendredi 1 août 2003
|
La météo prévoit une journée chaude, mais il nous faut d'abord dévaler les dernières pentes de l'Iseran dans le petit matin frisquet. 8 h 25: casqués, pommadés, emmitouflés, nous prenons le départ. Aujourd'hui c'est Pierre qui est aux commandes de la SAAB.
Lanslebourg, Modane (où Pierre fait les courses) sont traversés en coup de vent. Christian, descendeur émérite, entraîne le groupe à vive allure vers la Maurienne, jusqu'à Saint-Michel. Là, il faut prendre à gauche et, sur un petit parking près d'un pont de chemin de fer, se ravitailler et se mettre à l'aise pour la première ascension de la journée: celle du Télégraphe. Il est 10 h 20; le soleil est déjà ardent. Au fil des lacets la vallée de la Maurienne se creuse (les 3 premiers km sont à 9 - 10%) et la montagne offre un panorama grandiose. A l'heure d'internet on met encore une heure à gravir le Télégraphe (11 km). Au sommet nous retrouvons les cyclos allemands (Telekom ?) que nous croisons depuis le premier jour de notre parcours.
Le message est bien passé. Pierre nous attend à Valloire avec sandwiches, fruits frais et boissons. Dans un ciel bleu immaculé le soleil brille de tous ses feux. L'après-midi s'annonce caniculaire. Sans plus tarder nous partons à l'assaut du Galibier: 17 km sans ombre dans un décor minéral.
|
|
A Plan Lachat la route s'élève brutalement (9,5 %). Jean et Jean-Bernard s'échappent. Philippe lance la poursuite. Derrière, seul dans l'immensité comme un marin dans un océan de pierres, Christian galère. Les derniers lacets du Galibier sont terribles (8%, 10%, 8,5%) et le soleil de 15 h. cogne sur la tête, les épaules, brûle les mollets. Il faut lutter pour ne pas céder à la tentation du tunnel qui propose un raccourci ombreux. Et tout ce mal pourquoi ? Pour profiter là haut, à 2645 m., de la vue panoramique du Mont-Blanc au Massif des Ecrins.
Au sommet nous retrouvons les cyclos allemands avec qui nous échangeons nos impressions sur la montée, puis nous posons pour la photo souvenir, un petit bout de papier froid et glacé collé dans un album ou épinglé sur un mur qui bientôt ne se souviendra plus du goût salé de la sueur sur la langue sèche ou de la brûlure des muscles sous l'effet conjugué de l'effort et du soleil.
|
|
Du Galibier au Lautaret la descente est magnifique: chaque lacet nous rapproche du glacier de la Meije étincelant sous un soleil à son zénith. Du Lautaret à Briançon, c'est un peu moins agréable. Le paysage est toujours très beau mais le vent brûlant qui monte du fond de la vallée oblige le cycliste à l'effort, quand il croyait se laisser glisser sur la pente, et lui assèche la gorge tandis que le soleil enfonce ses rayons dans toute chair exposée.
A l'entrée de Briançon il nous faut prendre à droite et remonter pendant 4 km une route étroite pour atteindre le hameau de Pramorel et le gîte où nous dormirons ce soir. La maîtresse des lieux, Clara, est une femme de caractère et il faut faire preuve de diplomatie pour s'installer, malgré nos allures de mendiants de grands chemins avec nos peaux rougies et nos maillots décolorés par le sel, dans une chambre au charme d'antan. Les fenêtres donnent sur la vallée de la Guisane et l'on aperçoit la citadelle de Briançon flottant au-dessus des arbres dans un écrin de montagnes.
Après la douche et la lessive nous découvrons les alentours du gîte: incroyable !! d'autres humains vivent par ici sans faire de vélo; on l'avait oublié ! Un dîner copieux clôt cette belle journée de façon fort agéable car le mari de Clara a de la gentillesse et de l'esprit pour deux.
|
Quatrième étape: Briançon - Fours-Saint-Laurent (117 km); samedi 2 août 2003
|
Aujourd'hui, c'est Jean qui conduit; cela confère des obligations: il est le premier au petit déjeuner dans une salle à manger d'architecture romane aux murs décorés d'objets d'antan; c'est une ancienne étable. Le reste du troupeau ne tarde pas à venir se gaver de flocons d'avoine, pain, lait café...
8 h: tout le monde est prêt pour le départ. En apéritif: les 20 km de l'Izoard ! Après 4 km de descente pour rejoindre Briançon nous attaquons les premières pentes du col. Le pourcentage est encore modeste (4 à 6%) et l'on peut, de temps en temps, se retourner pour apercevoir Briançon léché par les premiers rayons d'un soleil déjà vigoureux. La montée s'effectue sur une route agréable bordée par des arbres pour la fraîcheur d'un côté et d'un torrent pour l'agrément de l'autre côté. A partir de Cervières la pente devient plus raide (8 à 9%) mais la chaussée récemment refaite la fait oublier en zigzaguant dans les sapins. Au refuge Napoléon le sommet est en vue. Il aura fallu 1h 30 pour venir se faire photographier à 2361 m., au sommet du col mythique où Coppi, Bobet...
|
|
La descente de l'Izoard vers Guillestre est tellement belle qu'elle mériterait qu'on la remonte pour mieux apprécier le paysage. La "casse déserte" mérite bien son nom. Le site est grandiose; l'arrêt photo s'impose. Entre Brunissard et Arvieux, la route offre des tronçons si droits, si pentus, que les vélos flirtent avec les 80 kmh. Après le "Rocher de l'Ange Gardien" (bien utile en des lieux si rapides) la route s'engouffre dans la combe du Queyras en équilibre entre ciel et torrent.
L'enchantement finit à Guillestre. Pendant que Jean fait les courses, les quatre saute-montagne s'attaquent aux 20 km du col de Vars. Il est 11 h, le soleil tape fort et la pente est très irrégulière (de 9 à 1%). A 13 h on se retrouve tous au sommet de Vars (2110 m) pour un déjeuner sur l'herbe sans canotier et sans les dames si chères à Manet. Malgré tout, les guerriers apprécient le repos. Puis, à corps perdu, ils se lancent dans la descente sinueuse vers la vallée de l'Ubaye. Saint-Paul, le fort de Tournoux, Jausiers voient passer un bolide: c'est Christian qui fonce vers Baecelonnette.
|
|
Dans la ville la plus mexicaine de France, pas question de s'arrêter faire la sieste un sombrero sur le nez en guiiiiiise de parasol. Il reste à escalader les 17 premiers km en pente douce (1 à 5%) du col de la Cayolle avant de goûter au repos. La chaleur est accablante dans les gorges du Bachelard, mais le paysage extraordinaire. Entre le torrent et la paroi rocheuse il n'y a le plus souvent que la largeur d'une voiture. Là-haut le ciel ressemble à une jambe de pantalon de gendarme. Quand l'horizon s'ouvre, c'est sur des pentes rocailleuses. On se croit revenu à l'âge de pierre. Qui peut bien vivre par ici ? 43 personnes nous dit-on habitent le long des 30 km qui relient Barcelonnette à la Cayolle. Quelques unes sont domiciliées à Fours-Saint-Laurent terminus de notre étape. Nous y arrivons à 15 h 30 pour aussitôt plonger dans l'eau fraîche de la fontaine.
|
|
Nous nous installons à l'Hôtel Arnaud situé en face de la fontaine. L'endroit est rustique: on y croise des poules, des araignées étranges... La maison est tenue par Pauline, 82 ans, qui se lève tous les matins à 5 h pour allumer sa cuisinière même par ces temps de canicule où elle va chaussettes aux pieds. Elle met trois chambres à notre disposition. Christian a droit à un traitement de faveur: il dormira seul. Allez savoir pourquoi ? Non, non, mauvais esprits c'est la cuisinière de Pauline qui ronfle la nuit !
Une fois installés, nous faisons le tour du hameau, soit environ 200 m: l'église est intéressante. Dans le garage de l'hôtel-restaurant-épicerie-bar-tabac-gaz-clé de l'église... on a installé une exposition consacrée à une catastrophe aérienne qui eut lieu ici en 1953. Ce n'est certes pas lévénement du siècle mais la réalisation de l'exposition a eu le mérite de créer du lien social dans la vallée. Comme pour les victimes de la catastrophe il semble que la vie se soit arrêtée ici dans les années 50. Ce n'est pas déagréable pour le touriste de passage mais pour les gens d'ici ??
Notre présence crée de l'animation dans le hameau et l'on est content de venir discuter avec nous. Un retraité qui a fait 36 métiers, dont celui de berger, occupe une partie de notre soirée, autour d'une bière, à crier aux loups qui déciment les troupeaux.
Après l'excellent repas de Pauline, pas besoin de compter les moutons pour s'endormir. les cols d'Izoard et de Vars sont d'excellents soporifiques. La nuit fut calme et reposante.
|
|
Cinquième étape: Fours-Saint-Laurent -Saint-Dalmas (110 km); dimanche 3 août 2003
|
Après un solide petit déjeuner à la table de Pauline chacun s'affaire autour de son vélo pour une étape qui s'annonce caniculaire.
7h55: en route pour les 14 derniers km du col de la Cayolle qui sinuent à travers sapins, rocailles, torrents et marmottes: un enchantement. Sur une pente, pas trop vigoureuse (6 à 7,5%) le cyclo se fait contemplatif; tous les sens en éveil il s'imprègne de la nature en prenant bien garde de ne déranger personne. Ici, c'est le royaume des marmottes. Vautrées dans l'herbe ou juchées sur un rocher elles vous narguent en plein effort, vous sifflent comme des supporters mécontents et se permettent même de traverser la route juste devant votre roue. Mériteraient qu'on vienne les réveiller cet hiver. C'est du bonheur plein la tête que nous arrivons au sommet (2326 m). Au bord de la route des panneaux racontent l'odyssée de la Route des Grandes Alpes. C'est là qu'est né le projet de notre aventure. Une photo s'impose.
|
|
Une longue et belle descente de 30 km nous conduit vers Guillaumes en longeant le Var. L'air a pris l'accent chantant des cigales; les villages marient l'ocre des murs au rouge des tuiles; les draps blanchissent les fenêtres; aux terrasses ombragées flottent une odeur de pastis... on dirait le Sud; il ne manque que quelques Mireille pour que l'été ripaille.
La route qui monte vers Valberg (12 km à 7% de moyenne) alterne passages en forêt et passages en corniche dégageant de vastes horizons. Un régal. Valberg est une agréable station d'altitude. On s'y attarderait bien par ces fortes chaleurs. D'ailleurs Pierre s'égare à la sortie de la ville. Serait bien resté à Valberg le Pierrot ! Pas question tonne le gendarme-conducteur du jour (Jean-Bernard) qui nous ramène l'égaré tout penaud; il y a encore des cols au programmes; circulez !
Dans le peti col de la Couillole (12 km à faible pourcentage) on se fait la pancarte; à ce petit jeu c'est Jean qui gagne devant d'autres couillons. A 12 h 06 précises on bascule au sommet. Nous dévalons des gorges profondes dans une chaleur oppressante malgré la végétation. L'air chaud remonte du fond de la vallée. Il est si dense qu'il en devient presque palpable telle une eau bouillante dans laquelle on plongerait. Nous avons le feu au corps. On croirait une descente aux enfers entre les parois de grès rouge du défilé.
Saint-Sauveur-sur-Tinée étouffe au fond des gorges mais l'auberge est accueillante; on s'y restaure copieusement. Le soleil est à son zénith quand nous remontons sur nos vélos. Il fait déjà 35° à l'ombre. Le départ ne s'annonce pas trop difficile; la route descend en suivant la Tinée sur 4 km avant d'attaquer le col de Saint-Martin. Hélas ! c'est sans compter sur le vent brûlant qui s'acharne contre nous ! Malgré la pente favorable et les efforts de Christian et Philippe le compteur dépasse difficilement les 25 kmh.
C'est donc sans plus de répit que nous abordons le difficile col de Saint-Martin: 14 km pour atteindre Saint-Dalmas (1300 m) terme de notre étape sur une route pentue et surchauffée. Jean-Bernard nous approvisionne généreusement en eau. Dans les rares villages qui ponctuent la montée nous nous trempons aux fontaines. Chaque coup de pédale assèche un peu plus le corps. Nous rêvons de douches fraîches et de bières mousseuses. Elles nous attendent au gîte "Les marmottes".
|
|
Revigorés par la douche Kronenbourg nous partons à la découverte du village de Saint-Dalmas. Sport et culture; la tête et les jambes... sont parfaits ces gars là ! Saint Dalmas est un ancien village fortifié organisé autour de son église du 11e siècle. Les ruelles étroites autrefois coupées de pont-levis aux armatures encore visibles ne protègent plus les habitants que contre les attaques du soleil. Tout autour, de hauts sommets montent la garde défiés de temps en tempsà autre par des ailes volantes qui, tels des papillons multicolores, montent et descendent au gré des courants de l'air.
Après un repas plus frugal qu'à l'habitude (pas de soupe) pris en compagnie de nombreux marcheurs nous nous répartissons dans les deux chambres qui nous ont été attribuées: ronfleurs - non ronfleurs. A 22 h la chaleur se fait moins pesante. Certains sombrent dans les bras de Morphée (non, ce n'est pas une marque de vélo) tandis que d'autres prennent des notes pour la postérité.
|
|
Sixième étape: Saint-Dalmas - Menton (82 km); Lundi 4 août 2003
|
Ce matin dès l'aube, à l'heure où blanchit la montagne.... les cavaliers et leurs montures se rassemblent près de l'église millénaire pour la dernière croisade: la Méditerranée envahie par des hordes de touristes motorisés attend ses libérateurs. Sus aux infidèles de l'effort musculaire ! Nous avons prévu une étape courte pour être à Menton vers midi et rentrer ensuite à Nantes, certains devant reprendre le travail le lendemain.
|
|
Jean-Bernard est le premier en action pour rallier le sommet du col de Saint-Martin distant de 3 km. Pierre et Jean se sont laissés distraire par un vol de gypaète. Christian rêve aux 3 descentes de la journée. Philippe conduit l'auto; interdit de vélo; il est censé être au boulot.
La descente vers la Vésubie est étroite et sinueuse. En bas nous suivons la rivière dans une vallée encaissée aux versants boisés salués par les cigales. Saint-Martin-Vésubie, Roquebillières... images fugaces de villages trop vite traversés. Il suffirait de se laisser glisser au fil de la rivière pour arriver à Nice. On se prend à rêver de "Promenade des Anglais". "A gauche toute" crie le commandant Philippe; "z'avez pas vu la pancarte ! Route des Grandes Alpes". Adieu plage ensoleillée et jolies baigneuses; adieu Nice ! C'est à l'ombre que nous abordons les premières pentes du Turini. Il est 8 h 45.
Le col monte pendant 15 km (pente 7 - 9%) a découvert d'abord jusqu'à La Bollène puis dans une forêt épaisse; le calme, la fraîcheur, la sérénité du lieu font oublier l'effort. La longue descente sur Sospel (25 km) offre des paysages variés: longs horizons ou gorges profondes, forêt méditerranéenne ou pentes ravinées, villages fleuris au bord de l'eau (Moulinet) ou constructions hardies sur des crêtes étroites (chapelle de la Menour). Au sortir des gorges de la Bevera, le gros bourg de Sospel a des allures de grande ville. Depuis Barcelonnette nous n'avons traversé que de gros villages et des montagnes désertes. Nous retrouvons enfin bruit, pollution, embouteillages... et une fontaine où se rafraîchir avant la dernière escalade du parcours, celle du petit col de Castillon dont les pentes arides permettent d'admirer les villages accrochés aux flancs des montagnes environnantes. Passé le sommet il n'y a plus qu'à se laisser glisser vers Menton sur une route large et belle qui permet de contempler encore une fois de splendides paysages... et pus soudain, au détour d'un virage, là-bas à droite, ce scintillement c'est la Méditerranée. Emotion.
Le pari est tenu. la grande traversée remonte déjà par bouffées de souvenirs comme cet air de plus en plus chaud qui nous enveloppe: plaisir, Galibier, Cayolle, souffrance, Iseran, amitié, marmotte, rigolades... Il est 11h 57 quand nous arrivons à Menton. Pour éviter le trafic urbain nous nous arrêtons dans le quartier de Monti, sur les hauteurs de la ville. Une placette pour ranger les affaires; une borne d'eau pour la toilette et au loin, se confondant avec le bleu du ciel, la Méditerranée. Dernière photo. Le périple est terminé.
|
|
Après une toilette sommaire les vélos sont arrimés, les bagages chargés, les cyclistes embarqués dans la SAAB noire. Pause-restauration à Antibes au bord de l'autoroute puis, à travers les cicatrices récentes des incendies qui viennent de ravager les massifs des Maures et de l'Esterel, nous prenons le chemin du retour sous la canicule que la nuit n'atténue pas (41° à Toulouse à 21 h; 40° à Bordeaux à 23 h). Pierre et Christian se relaient au volant. Nous arrivons à Nantes à 1 h 45. le thermomètre indique 29°. L'aventure se termine. Il nous reste à tricoter nos souvenirs; ils nous garderont le moral au chaud.
|
|
|
|
|
|